Vous pensiez tout savoir sur l’Abbaye d’Hautecombe ? Connaissez-vous le rôle de la fameuse tour octogonale ? On vous dévoile quelques secrets bien gardés du site le plus visité de Savoie !
L’abbaye d’Hautecombe, nichée sur les rives du lac du Bourget, est bien plus qu’un simple site touristique. Avec environ 100 000 visiteurs chaque année, elle incarne un trésor médiéval caché qui fascine les âmes en quête de spiritualité, d’histoire et de beauté. C’est le site touristique le plus visité de Savoie !
Au fil des siècles, elle a connu des moments de splendeur, de déclin, de restauration, et aujourd’hui, elle continue à rayonner. Rejoignez-nous pour un voyage à travers l’histoire de cet endroit unique, où la foi, la culture et la sérénité se rejoignent, et où chaque pierre raconte une histoire fascinante.
Pourquoi « Hautecombe » pour une abbaye située au bord du lac ?
Le prieuré d’Hautecombe a été fondé en 1101, non pas en lieu et place de l’actuelle abbaye d’Hautecombe mais en face, à Cessens, dans le massif de la Chambotte … En altitude.
Mais, le lieu n’était pas idéal puisque trop près de la frontière entre le comté de Savoie et celui de Genève qui étaient en guerre quasi-permanente ! Les moines étaient donc loin de trouver en ce lieu la quiétude tant recherchée.
Alors, 38 ans plus tard, ils décident de construire une nouvelle abbaye tout en conservant le nom « Hautecombe » qui n’a plus vraiment de sens quand on est au bord du lac à seulement 231 mètres d’altitude.
L’éclosion spirituelle : fondation de l’abbaye d’Hautecombe
Au début du XIIe siècle, en 1139, l’abbé cistercien Amédée de Clermont, épaulé par les comtes de Savoie, entreprit la création de l’église abbatiale et des bâtiments qui forment aujourd’hui l’Abbaye d’Hautecombe.
Depuis cette période, à l’exception d’une brève parenthèse pendant la Révolution française, l’abbaye a été continuellement habitée par une communauté religieuse. Découvrez l’histoire de ce lieu de prière et de contemplation.
Repos éternel : L’abbaye, nécropole des Savoie
En 1174, une comtesse de Savoie a été la première à reposer en paix dans l’église de l’abbaye. Cette coutume a été observée par la plupart des membres de la Maison de Savoie au XIIIe siècle, mais elle s’est raréfiée avec le temps, pour être finalement interrompue au XVIe siècle.
Après la Révolution française, les dépouilles des membres de la famille de Savoie ont trouvé refuge dans la chapelle des Princes d’Hautecombe. C’est ainsi que l’abbaye est devenue non seulement un sanctuaire spirituel, mais aussi un lieu de repos éternel pour la Maison de Savoie.
Un essor brillant : L’apogée de l’abbaye
Pendant quatre siècles, l’Abbaye d’Hautecombe a connu une période de rayonnement spirituel et matériel. Plusieurs abbés réguliers de l’abbaye ont eu une influence majeure sur leur époque, certains atteignant même des postes éminents au sein de l’Église, tels que le pape Célestin IV en 1241.
Temps de crise : la réforme de la Commende
À partir du XVe siècle, l’abbaye a été confiée à des abbés commendataires qui n’avaient pas l’obligation de résider sur place.
Ces abbés étaient souvent plus préoccupés par les revenus de l’abbaye que par son bien-être spirituel et son entretien. En conséquence, la vocation monastique a commencé à décliner.
Révolution et ruine : Le déclin de l’abbaye
La Révolution française a plongé l’Abbaye d’Hautecombe dans l’obscurité. En 1794, suite à l’annexion de la Savoie à la France, les révolutionnaires ont expulsé les derniers moines de l’abbaye, la déclarant propriété nationale et la pillant à deux reprises.
L’abbaye a même été utilisée pour la production de faïence. Faute d’entretien, les bâtiments ont progressivement sombré dans la ruine.
Renaissance spirituelle : L’abbaye au XIXe Siècle
Au début du XIXe siècle, avec le retour de la Savoie au royaume de Piémont-Sardaigne, l’abbaye a bénéficié d’une seconde chance. En 1824, le roi Charles-Félix a découvert les ruines de l’abbaye et a pris la décision audacieuse de les restaurer dans un style néogothique flamboyant.
Charles-Félix et son épouse ont même choisi d’être inhumés dans la chapelle de Belley, située à l’entrée de l’abbatiale. Hautecombe a ainsi retrouvé sa fonction de nécropole pour les souverains de Savoie.
L’architecture néo-Gothique : une renaissance artistique
Au XIXe siècle, le roi Charles-Félix a préféré la restauration de l’ancienne église à la construction d’une nouvelle. Il a confié cette tâche à l’architecte piémontais Ernesto Melano, qui a donné à l’abbatiale l’aspect qu’elle avait au début du XVIe siècle.
L’Abbaye a ainsi été relevée dans un style néo-gothique flamboyant peu habituel, caractérisé par des décors sculptés exubérants et une ornementation riche, tant sculpturale que picturale.
La technique du stuc a été utilisée pour décorer l’église, recouvrant entièrement les murs et les voûtes de motifs empruntés au style troubadour, tels que des réseaux de dentelles, des festons, des flammes et des rosaces.
La nécropole révélée : tombeaux de la Maison de Savoie
En 1824, lorsque le roi Charles-Félix a décidé de sauver l’abbaye de la ruine, il l’a fait en mémoire de ses ancêtres de la Maison de Savoie. L’architecture de l’église a été choisie pour créer une harmonie avec les tombeaux et les cénotaphes détruits que Charles-Félix souhaitait restaurer.
Ainsi, les tombeaux, détruits pendant la Révolution française et lors de l’installation de la faïencerie au début du XIXe siècle, ont été sculptés au XIXe siècle, à l’exception du tombeau de Louis de Savoie, qui a été restauré.
Les visiteurs peuvent admirer de nombreux tombeaux et cénotaphes richement ornés, qui racontent l’histoire de la Famille de Savoie au fil de la visite.
La tour octogonale
La tour octogonale qui surplombe le lac peut vous paraître très ancienne mais c’est pourtant le bâtiment le plus récent !
Les moines avaient l’habitude d’allumer un feu au sommet en cas de mauvais temps pour aider les bateliers en difficulté. Cette tour est donc un phare ! Une attention bienveillante souhaitée par le roi Charles-Félix.
Sa base conique est prolongée par une structure octogonale qui se termine par une galerie de style gothique.
La tour s’élève à 45 mètres au-dessus du niveau du lac.
La grange batelière : un témoin du passé
À l’extérieur du mur d’enceinte de l’abbaye, près de l’embarcadère, se dresse la Grange Batelière, construite à la fin du XIIe siècle. Il s’agit du seul bâtiment subsistant de l’époque des premiers moines cisterciens. Cette grange avait pour fonction d’abriter les bateaux des moines au rez-de-chaussée et de conserver les grains et la farine des moulins situés à proximité à l’étage.
Aujourd’hui, la Grange Batelière est dédiée à des expositions et à des événements culturels. Chaque été, le Conseil Général de Savoie organise une exposition permettant de découvrir l’intérieur de ce bâtiment et d’explorer son histoire fascinante.
Les statues : gardiennes de l’Histoire
Pour rendre hommage au roi Charles-Félix et à la reine Marie-Christine, les bienfaiteurs qui ont refondé l’abbaye, deux statues majestueuses ont été érigées de part et d’autre de la porte d’entrée. La statue de Charles-Félix, œuvre du sculpteur Benoît Cacciatori, le créateur de la plupart des statues de l’église, le représente avec les attributs royaux ainsi qu’avec la Charte de fondation de l’abbaye.
[ Photo de droite ] La statue de Marie-Christine, confiée à Jean Albertoni, la dépeint en tant que protectrice des arts et bienfaitrice des pauvres, illustrant la phrase tirée de la Bible : « Que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite ». Sculptée dans un seul bloc de marbre de Carrare, cette œuvre se distingue par la finesse du détail, la variété des effets, et la singularité de son exécution.
La Piéta, une autre œuvre d’art emblématique d’Hautecombe, s’inspire de la Piéta de Michel-Ange, mais elle évoque des attitudes du Christ et de la Vierge très différentes. Les 120 pleureuses, d’une expressivité saisissante et toutes différentes, ornent les piliers de la nef ainsi que les cénotaphes, symbolisant le deuil et la prière.
Les trésors artistiques : tableaux et fresques
L’abbaye abrite également une collection précieuse de tableaux et de fresques qui témoignent de sa riche histoire artistique. Le Retable de l’atelier du Piémontais Defendente Ferrari, datant d’environ 1520, est composé de quatre panneaux représentant des passages bibliques, dont l’Annonciation de l’Ange à la Vierge Marie.
La Crucifixion, peinte sur bois au XIVe– XVe siècle, est située dans la chapelle saint Michel et provient de l’ancien tabernacle de l’abbaye d’Hautecombe. La Lactation de saint Bernard, attribuée à l’atelier de Defendente Ferrari, est une œuvre du XVIe siècle remarquable par son thème inhabituel et la finesse de sa composition et de son exécution.
Les fresques, situées principalement dans le chœur et le transept, racontent des scènes de la vie de Jésus, ainsi que la vie de saint Bernard de Clairvaux et des moines cisterciens qui ont fondé l’abbaye. Réalisées par les Frères Vacca et François Gonin, ces fresques offrent un témoignage saisissant de la foi et de l’art à travers les âges.
Hautecombe, avec son mélange d’histoire, d’architecture, d’art et de foi, est bien plus qu’un simple site touristique. C’est un voyage à travers les époques et les croyances, un lieu où le passé se fond avec le présent, où la beauté s’unit à la sérénité.
L’abbaye d’Hautecombe, véritable perle médiévale cachée au cœur des Alpes, attend de vous dévoiler ses mystères et son héritage. Que vous soyez un amateur d’histoire, un passionné d’art ou un chercheur de spiritualité, cette abbaye vous promet une expérience inoubliable.
Comment se rendre à l’abbaye d’Hautecombe ?
- En voiture : cliquez sur ce lien pour créer un itinéraire sur Google Maps. L’abbaye se situe à Saint-Pierre-de-Curtille, à 45 minutes d’Annecy et Chambéry, à 1h30 de Lyon et à 30 minutes d’Aix-les-Bains.
- A pied : si vous avez du temps et une sacrée condition physique, une randonnée de plus de 8 heures part de Bourdeau pour gagner l’abbaye avec un dénivelé de près de 1200 mètres.
- Notre moyen préféré : le bateau ! Depuis le Grand Port d’Aix-les-Bains (Compagnie des Bateaux d’Aix-les-Bains) ou depuis Chanaz.
Informations pratiques
Ouverture et horaires
L’abbaye est ouverte du mercredi au dimanche.
Matin : 10h à 11h15
Après midi : 14h30 à 17h
Tarifs
Adulte : 4,50€
Famille : enfants gratuit jusqu’à 18 ans.
Scolaire & étudiant : 2,50€
Groupes (à partir de 21 personnes) : 3,80€.
Visite guidée des appartements royaux : 7,50 euros par personne
Bon à savoir
- L’église-abbatiale se visite en une trentaine de minutes à l’aide d’un audio-guide. Un audio-guide spécialement conçu pour les enfants est disponible.
- A partir de mi-octobre, des visites guidées des appartements royaux et des terrasses royales se tiennent les mercredi et jeudi après-midis.
- Le monastère n’est pas ouvert aux visites.
- L’été, une auberge propose des boissons et des glaces.